29/7/2005
Le Commissaire Figel poursuit
le démantèlement des services de traduction
qui sont l’assise de la
démocratie en Europe
Alors que les institutions
européennes reconnaissent le déficit démocratique qui les ronge et parlent de
le combler en se rapprochant des citoyens, le Commissaire au multilinguisme,
Jàn Figel, poursuit la politique de démantèlement des Services de traduction de la Commission, privant ainsi les institutions européennes
d'un de leurs meilleurs moyens de communication avec les citoyens. Cette
politique de démantèlement, instaurée par l’ancien Commissaire Neil Kinnock,
vise la suppression, à terme, des services de traduction et le transfert de ses
activités vers un Centre de Traduction externe qui récupérerait les fonds destinés
aux services linguistiques de l’institution.
En outre qu’en vue d’une
hégémonie du British Council, proche du Commissaire Neil Kinnock, certains
membres du Parlement européen, détenteurs d’agences de traduction, ont beaucoup
oeuvré pour la disparition des services de traduction des institutions
européennes. On peut se demander pourquoi les institutions européennes tolèrent
l’existence d’intérêts privés de personnalités de haut niveau, dans l’exercice
des leurs fonctions, et qu’est-ce qu’elles attendent pour ouvrir des enquêtes
afin de mettre à jour d’éventuels conflits d’intérêt entre les fonctions
exercées et des intérêts personnels et privés.
Alors même qu’il n’y a pas de compétence communautaire en
matière d’Éducation et de Culture, la Communication de la Commission du 24 Juillet 2003, par le dispositif du point 6. empiète sur des
compétences exclusives des États Membres rabaisse le niveau des langues
nationales officielles et vise à créer une confusion inadmissible et
pernicieuse entre les unes et les autres. La Commission devrait être attaquée,
sur ce point, pour pollution des règles en vigueur et carence vis-à-vis des
langues nationales officielles, qui sont les seules qui tombent sous sa
compétence, de par le contexte des Traités, et au sujet desquelles elle a une
responsabilité et un droit d'initiative.
Cette entorse grave a pu être
enclenchée, d’une part, sous la pression des lobbies, infiltrés désormais dans
toutes les institutions européennes, au service d’intérêts particuliers et
privés mais, avant tout, à cause des manœuvres d'externalisation et du
démantèlement continuel des Services de la Commission dont la conséquence
directe la plus éclatante est constituée par la faiblesse et l’incompétence
grandissantes de la Commission elle-même.
A l’instar de ses
prédécesseurs, le Commissaire Figel prépare une Communication sur le
multilinguisme qui doit être adoptée par le Collège dans les prochains jours.
Cette Communication intervient au moment même où Mme Wallström, Vice-présidente
de la Commission, lance une nouvelle stratégie de la communication qui repose,
dans une large mesure, sur les ressources linguistiques disponibles au sein de
l'institution. Il faut donc, non seulement en appeler à M. Figel pour qu'il
cesse de démanteler le service de traduction de la Commission, mais également à
la commission de contrôle budgétaire et à la commission du budget du Parlement
Européen afin qu'elles allouent aux services linguistiques des institutions des
budgets suffisants pour mettre en place une véritable politique linguistique
européenne et maintenir la qualité du dialogue avec les citoyens.
A la Commission, le
démantèlement est insidieux, car il concerne surtout les 8 langues non
procédurales de l’Europe des Quinze (danois, espagnol, finnois, grec, italien,
néerlandais, portugais, suédois), mais aussi à un moindre degré l'allemand et
le français. Les traductions dans ces langues sont systématiquement
externalisées vers le marché freelance et le Centre de Traduction où les
traducteurs sont recrutés comme temporaires, sur titres et entretien, à la
différence des services linguistiques des institutions où ils sont recrutés sur
concours et formés pour le travail spécialisé requis par la complexité des
matières traitées dans le travail quotidien de la construction européenne.
Cette vague de démantèlements suit celle qui a englouti la terminologie et qui
est en train de balayer les centres de documentation, instruments
indispensables pour épauler des Services linguistiques de niveau européen qui
devraient viser l’excellence au service du citoyen.
Dans l’intervalle, les
traducteurs de la Commission, fonctionnaires qualifiés et disposant d’une
expérience de plusieurs années, ont de moins en moins de travail et
s'inquiètent pour leur avenir parce que la hiérarchie manifeste une préférence
pour des traductions moins professionnelles de l’extérieur, sans doute
pour faire travailler certains instituts et des agences privées, mais aussi
pour faire croire à une telle baisse quantitative et qualitative des services
linguistiques de l’institution qu’un jour il deviendra inévitable de proposer
la langue unique afin de « sauver l’Europe » de cette calamité.
Pour l’heure, c'est un
véritable gâchis, un gaspillage fou de l'argent du contribuable européen, et
des ressources humaines de la Commission qui sont là, disponibles et
qualifiées, et ne demandent qu'à travailler. La Commission continue à recruter
des traducteurs des 9 nouvelles langues de
l'élargissement (EUR-10) et commence à en
recruter pour le bulgare et le roumain.
Afin de dissimuler la
dégradation de la situation pour les traducteurs de l'Europe des Quinze,
qu'elle enrobe dans l'expression "redéploiements internes", la
Commission, dans son bilan, met toujours l'accent sur le recrutement de traducteurs
des nouveaux États Membres et des Pays candidats.
Il est révélateur que les
traducteurs ne soient plus comptés en tant que tels, mais comme
"FTE", c'est-à-dire "full time équivalents", complètement
privés d’identité et déshumanisés.
Il est à se demander qui se cache derrière les "FTE".
ANNEXE
« COMMUNICATION DE LA COMMISSION AU CONSEIL, AU PARLEMENT
EUROPÉEN, AU COMITÉ ÉCONOMIQUE ET SOCIAL ET AU COMITÉ DES RÉGIONS »
du 24 Juillet 2003
6. Éventail de langues
La promotion de la diversité
linguistique requiert d'encourager activement l'enseignement et
l'apprentissage d'un éventail de langues aussi large que possible dans nos
établissements scolaires, universités, centres d'éducation pour adultes et
entreprises. Pris dans son ensemble, l'éventail proposé devrait comprendre les
petites langues européennes, ainsi que toutes les grandes, les langues
régionales et minoritaires et les langues des migrants, ainsi que celles ayant
le statut de langue nationale, et les langues de nos principaux partenaires
commerciaux dans le monde entier. L'élargissement imminent de l'Union européenne
entraînera l'arrivée de toute une série de langues issues de plusieurs familles
linguistiques; un effort particulier est requis afin d'assurer que les langues
des nouveaux États membres seront plus largement apprises dans d'autres pays.
Les États membres disposent d'une marge considérable pour prendre une avance
dans la promotion de l'enseignement et de l'apprentissage d'un éventail de langues
plus large qu'actuellement