(par Jenna Saute-Trappes)


Ce fut Alvin qui posa la question, une question tout de même assez peu typique, parce que la plupart des kenders voyageaient simplement joyeusement par Krynn sans jamais se la poser :
-Où allons-nous ?
En réponse, Liliane déclara qu'elle avait faim, et prit une miche de pain dans le sac d'Alvin.
-Moi, expliqua Tarif, je suis à la recherche de licornes ailées, et de dragons verts. J'aimerais les peindre.
-J'ai entendu dire, dit Alvin, toujours prêt à aider, en fronçant les sourcils, qu'il y a un dragon vert au Silvanesti. Il s'appelle Riant Camembert, je crois.
-Cyan Sanguevert, corrigea Tarif. J'ai entendu parler de lui. Je suis allé au Silvanesti pour le voir, mais les elfes ne m'ont pas laissé entrer. D'ailleurs, il paraît qu'il a disparut après la guerre de la lance.
-Vraiment ? fit Alvin, plutôt sceptique.
Liliane aussi dit quelque chose, mais comme elle avait la bouche pleine, on n'entendait que :
-Mhmoupfmp !
-Tu es sur que les elfes t'ont dit la vérité ? Un dragon vert ne peut pas disparaître comme ça !
-Si, insista Tarif, fort de sa connaissance particulière sur le sujet. Raistlin Majere l'a enlevé.
-Enlevé ? demanda Liliane, qui entre temps avait avalé. Tu veux dire qu'il l'a volé ?
Alvin était muet de stupeur.
-Oui, continua Tarif, sans se laisser démonter. Et c'est vraiment embêtant, parce que personne ne sait ce qu'il en a fait, et c'est très dur de trouver des dragons verts.
-Surtout en cette saison, ajouta Alvin.
Tarif soupira.
-Nous pourrions, proposa Alvin, aller à Palanthas pour lui demander.
-Ouiouioui, fit Liliane, enthousiasmée à l'idée d'entrer dans un tour de magie. Même si je crois que Raistlin Majere n'y est plus.
-Il a pris la fuite parce qu'il allait être accusé de vol de dragon ? fit Tarif, un peu acide.
Il en voulait à l'archemage, de l'avoir privé de son dragon vert.
-Mais non. Il est entré dans les abysses pour combattre Takhisis, seulement quelqu'un a fermé la porte derrière lui, et maintenant il peut plus sortir.
-Il ne faut jamais sortir sans une collection de crochets. Tout le monde sait cela, fit sentencieusement Alvin.
Liliane hocha la tête, tout en regardant avec satisfaction sa propre collection, qui, depuis qu'elle voyageait avec les deux amis, s'était considérablement agrandie. Soudain, elle eut une idée magnifique :
-Et si nous l'aidions à ressortir ? Les abysses doivent être passionnant, mais ça fait des années qu'il est là-bas, alors je pense qu'il veut sûrement voir autre chose pour une fois...
-Avec les mages ont ne sait jamais. J'en connaissais un qui passait des mois à ne faire rien d'autre que regarder un bocal de verre. J'ai pensé qu'il voyait des images, ou quelque chose d'intéressant, mais non... tenez, j'ai le bocal ici, il est totalement vide !

Il chercha le bocal, qu'on retrouva finalement dans la sacoche de Liliane, rempli d'une poudre blanche, qui selon Liliane était un composant magique très puissant, protégeant de boules de feu, permettant de marcher sur l'eau, et faisant pousser les choux plus vite, et qui par ailleurs ressemblait beaucoup de la farine.
-Vous avez déjà été à Palanthas ? demanda Liliane, après avoir de nouveau rangé le bocal.
-Oh oui, dit joyeusement Alvin. Plusieurs fois. Les gens sont très sympathiques là-bas, et ils ont une des meilleurs prisons d'Ansalonie.

Cette dernière recommandation décida les kenders. Liliane expliqua qu'elle possédait une flûte magique qui, si on jouait la bonne mélodie, faisait apparaître un grand dragon de bronze, qui lui, avec une autre musique, les emmènerait où ils voulaient. Alvin, qui déclara avoir toujours voulu discuter avec un dragon de bronze, et Tarif, qui sortit aussitôt ses pinceaux furent, tout de suite enthousiasmés.

Ils passèrent les heures suivantes à jouer à la flûte, après quoi ils se mirent en chemin vers Palanthas.


***


-Je me sens tout drôle, déclara Liliane Vent-Pollen, à l'adresse des deux autre. J'ai l'impression que mon ventre se rétrécit, et mes jambes tremblent. Vous pensez que c'est aussi une allergie ?

Elle avait prise un peu d'avances, tandis que les deux autre kender suivirent, se tenant par la main, sous les sombres arbres de la forêt de Shoikan. Alvin sifflotait une chanson de marche. D'une certaine façon, il avait réussit a se servir de ses dents manquantes pour produire une plus grande variété de son.

-C'est possible, dit-il, en s'interrompant.

-Mais en tout cas, remarqua le jeune kender roux, qui, de ses yeux fables, sondait avec curiosité les alentours. Mais ça ne peut pas être au pollen. Il n'y en a pas ici. Mon voisin, qui est jardinier à Kenderfoule, serait scandalisé.

-Tu as un voisin qui est jardiner ? s'étonna Alvin. Tu penses que tu pourrais lui demander de transformer mon jardin en quelque chose qui ressemble à cette forêt ?

-Pourquoi pas ? Ça doit être intéressant. Tu as un jardin à Kenderfoule ?

-Oui, dit le vieux kender, et soupira. En tout cas, quand je suis parti il y a trente an, j'en avait un. Bien sur, il est possible qu'il n'y soit plus... Je connaissais un gnome qui avait vécu sur une petite île, tout seul, pour étudier les crustacés. Un jour, il est sorti de sa maison : l'île n'était plus là.

-Peut-être que je connais ta maison.. j'ai été à Kenderfoule il y a deux ans. A quoi elle ressemble ?

Alvin répondit tout de suite avec enthousiasme :
-Elle est ovale, et peinte en rouge et en vert ; le rez-de-chaussée est en pierre, avec une toute petite porte bleu, le deuxième en bois, il y a aussi deux petite tours, c'est un ami qui les a fait pour moi d'après un tableau de Istar au temps des roi-prêtre...

A ce moment il fut interrompu par un cri strident, venant de la direction vers laquelle Liliane, qui avait pris de l'avance, avait disparue.

Les deux ami pressèrent le pas pour voir ce qui était arrivé.

Lorsqu'il la trouvèrent, la jeune kender avait cessé de crier, et regardait avec intérêt la main pâle qui sortait de la terre et avait saisie son mollet.

-Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-elle, perplexe.

-Je suppose que c'est un mort-vivant, dit Alvin. Mais je suis sur que Rif s'y connaît mieux que moi. Oh, bonjour !

Il saisit une autre main, grisâtre, qui émergeait du sol juste devant lui, et la serra vigoureusement.

-ALaFin Pas-De-Porte. Très heureux de faire votre connaissance. Même si j'aime beaucoup voir le visage des personnes que je rencontre, vous comprenez, c'est plus... Oups... Pardon.

Il regarda, un peu gêné, le bras qui, et force de le secouer, lui était resté mais la main.

Le pied de Liliane, entre temps, s'enfonçait lentement mais sûrement dans le sol.

-Ne bouge pas ! lui cria Tarif, excité, déposa son hoopak par terre, sorti vite ses affaires de peinture, et s'approcha pour mieux voir.

Liliane, qui avait été sur le point de sortir sa " poudre magique " interrompit son geste.

-Si tu veux les dessiner, j'ai un bras tout entier ici ! déclara Alvin, en secouant le bras arraché.

-Vraiment ?

Liliane se dressa pour mieux voir. Son pied gauche avait déjà à moitié disparu.

-Fait voir ! !

Elle agita vigoureusement sa jambe, essayant, en vain, se libérer.

-Arrête ! protesta Tarif .

-Oh ! Si tu veux en dessiner, il y en a un derrière toi de toute façon. Un très grand et musclé, et tout noir...

-Où ? dit Tarif, mais il n'eut pas le temps de se retourner.

En effet, un grand bras noir vint le saisir à la nuque, et le petit kender tomba à la renverse, lâchant son pinceau.

-Ces jeunes, soupira Alvin.

Puis il saisit son hoopk des deux mains, et le fit tournoyer avec force. L'arme kenderienne émit comme un long hurlement qui glaça le sang à tout les esclaves de Chemosh de la forêt, et montait jusqu'au pièces les plus reculées de la tour des mages.


Un son de cloche retentit dans la tour de Palanthas. Les étudiant levèrent la tête. Dans une autre pièce, le maître de la tour faillit laisser tomber son verre. Il le rattrapa juste à temps avant que le vin ne vienne se rependre sur le lit.
-Quelqu'un est entré dans la forêt de Shoikan, remarqua la femme qui était couchée à côté de lui et se souleva à demi..
Dalamar haussa les épaules.
-Tant pis pour lui. Les bois vont l'arrêter.
Il vida le verre, et le fit disparaître d'un mot magique, avant de se retourner vers la Jenna.
-Comme tu veux, fit celle-ci, et se laissa retomber sur le lit en fermant les yeux.
Dalamar sourit et se pencha vers elle.
Ce fut alors qu'un autre son parvint jusqu'à eux, puissnt, déchirant, et bien autrement inquiétant . Les deux mages se turent un moment, avant que la Jenna, osa remarquer, sans ouvrir les yeux.
-C'est un kender.
-Je sais dit Dalamar, un peu nerveux.
Il hésita un moment, tandis que le cri de hoopak se tut. Finalement, il haussa les épaules une fois de plus.
-Ce n'est pas une grande perte.
Jenna s'etait remise assise, et le regarda intensément.
-Peut-être que tu devrais t'en occuper... remarqua-t-elle, forte, en tant que possesseur d'une boutique de magie, d'une longue expérience avec les kenders. Tu ne sais pas ce qu'ils peuvent faire...



-Et si on brûlait le bois ? proposa Liliane
Alvin secoua la tête.
-Ça ne serait pas très poli.
En plus, ajouta-t-il après un moment de silence, Tarif a un ami qui est jardinier, on dira que qu'il l'as fait pour lui donner un emplois, en le reconstruisant
.
Liliane soupira, ennuyée. Ils s'étaient installés tant bien que mal entre quelques arbres, sur un bout d'étoffe de la collection d'Alvin, et attendaient que Tarif, à moitié étouffé par le bras du mort-vivant, se réveille. Ils s'étaient raconté plusieurs aventures de l'oncle Épinglette, mais après un moment, même cela n'avait plus suffi.

-Il a de la chance, Rif, reprit la kender en enroulant ses longs cheveux autour de l'index. Je n'ai encore jamais été évanouie. Je me demande comment c'est.
-En tout cas, fit Alvin, ce n'est pas très drôle pour les autres.
-Quand même, dit Liliane. Ce serait amusant de la brûler.

Ils avaient essayé de manger, mais cette impression un peu étrange qu'elle avait au ventre empêchait Liliane d'avaler quoi que ce soit, et Alvin, bien qu'il n'eut pas aimé l'avouer, ressentait la même chose.

-Il va m'en vouloir, soupira-t-il en regardant tristement le jeune kender, dont les cheveux roux répandus sur le sol mettaient une étrange touche de couleur dans le paysage gris. Il va m'en vouloir d'avoir chassé ces mort-vivant. Mais je lui en ai gardé un.

Souriant, il sortit le bras arraché, autour duquel il avait soigneusement enroulé un bout d'étoffe.

Liliane protesta :
-Je suis ici à ne rien faire, alors que je pourrais être entrain de découvrir la plus maléfique forêt d'Ansolonie ! Si Rif n'est pas content, sais vraiment pas ce qu'il lui faut !

Elle lança a son presque-frère un regard furieux, et peut-être qu'il (le regard, pas le presque frère) avait des pouvoirs magnétiques, car Tarif commença à bouger, et enfin ouvrit les yeux, et fut tout de suite debout d'un bond.
Il fut très déçu lorsqu'Alvin lui expliqua qu'ils avaient dut chasser les morts-vivants, mais se consola lorsqu'ils décidèrent de repartir.
-Tu as pensé à faire une carte ? demanda-t-il au vieux kender.
-Non, s'excusa le vieux kender. Je n'ai pas vraiment eut le temps. Mais j'en ferai une quand je serai rentré.

Bien évidement, les trois kender s'était enfoncé dans la partie le plus profonde de la forêt : tout le monde savait que rester sur le sentier était le moyen le plus sur d'arriver rapidement vers la tour, et ne permettait pas de vraiment voir quelque chose des bois de Shoikan. Après tout, la tour n'allait pas disparaître tout à coup.

-On ne sait jamais ! prévint Alvin, remarque qui inquiéta un peu Liliane, parce que vraiment, elle ne voulait pas rater cette occasion de visiter une tour de haute sorcellerie.

Elle courait dans tout les sens, ramassait des branches, lançait des cailloux sur des arbres pour voir s'ils allaient réagir. Mais depuis un moment, les bois était d'un silence et d'une immobilité presque insultante.

-Je trouve cet endroit triste, finit par déclarer Alvin. Tellement vide...

A suivre...

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