La Nuit de la Déesse



Sur l’île d’Istra, les elfes vénèrent depuis toujours une des leurs comme une déesse; en effet, pour des raisons qu’on ignore, une très grande force magique à jadis été libérée sur Istra, ce qui donne à la “déesse mortelle” un pouvoir unique, mais qu’elle ne saura utliser que sur l’île même. Laémidra est la déesse mortelle au moment où un groupe d’aventuriers vient à Istra, parmis eux le prince elfique Astriel. Submergeant chacun par sa beaute surnaturelle, il n’en sera pas de même pour lui: Astriel est aveugle. Tombée amoureuse de lui, la déesse décide de suivre les compagnons lorsque ceux-ci quittent l’île. Elle fait pas là un grand sacrifice, car pour les elfes la déesse mortelle perd sa qualité de divinité dès qu’elle pose le pied sur une autre terre que la sienne. Elle accompagne quelque temps les compagons: bien qu’elle ait en grande partie perdue ses pouvoirs et bien qu’une autre déesse ait été choisie à Istra, Laémidra se convaincra d’être une déesse en elle-même, et peu importe l’endroit où elle se trouve. Lorsqu’elle fini avouer son amour à Astriel, celui-ci, lui-même amoureux et aimé de son compagnons Tarsgal, la repousse. Profondement outragée, Laémidra quitte les compagnons, et décide de s’avanturer dans les chemins ténèbreux...


Déjà le ciel s’assombrissait sur les chemins d’Argana; les nuages noirs formaient un tapis plus dense à chaque instant, jusqu’à être lui même invisible: seul l’absence d’étoiles marquait encore sa présence.
L’elfe n’eut pas un regard pour les nuages. Les yeux rivés vers l’avant, sans une hésitation, elle dirigeait son fin cheval elfique vers les sentiers étroits de la route ténébreuse.
Mais en faisant les premiers pas sur ce chemin, l’animal se cabra, relança la tête en arrière et fit entendre un long hennissement effrayé, qui ressemblait à un cri de mort. Jusqu’ici il avait fidèlement porté sa cavalière, bien que ralentissant à chaque pas, comme si un poison mortel s’était introduit en son corps et le paralysait doucement. Maintenant, il ne pouvait aller plus loin: le regard empli de terreur, les yeux injectés de sang, il recula - lui avait senti le danger que sa maîtresse s’obstinait à ignorer; il semblait le voir, et s’y sentir livré sans recours, comme si la menace qu’il devinait dans les ténèbres s’était déja emparée de lui, le tennant prisonnier, l’empechant de fuire: car il ne prit pas la fuite, pas encore. Pas à pas, il recula, prêt, à tout instant, à faire demi-tour pour partir au galop, avec ou sans son cavalier.
La jeune elfe réussit à garder l’équilibre, et se pencha en avant pour mumurer quelques mots à l’oreille du cheval, en lui caressant le cou de manière appaisante, ce qu’elle avait déjà dut le faire plusieur fois. Mais cette fois-ci, ce fut sans effet.
Elle se glissa alors doucement du dos de sa monture, lui caressa furtivement la naseau, les pensées déjà ailleurs. L’animal, comme enfin libéré d’un enchantement maléfique, se retourna d’un seul mouvement, et s’enfuit. On entendit encore quelque temps le bruit de ses sabots, de temps en temps un hennissement apeuré, comme des mises en garde lointaines, puis le bruit mourut dans le loin.
Elle, dès qu’elle avait sauté à terre, se tourna de nouveau vers l’avant, ses yeux bleus dures et vides d’expression. Sans un regard en arrière elle partit, vraiment seule à présent, sur les sentiers secrets.

On eut dit qu’à chaque pas qu’elle faisait les ténrèbres devenaient plus profonds, et bientôt mêmes ses yeux d’elfes ne pouvaient voir plus loin qu’à quelque métres. Des deux côtés, l’étroit sentier était encadré par des buissons épineux et des arbres morts, dont on ne pouvaient que deviner les silhouettes. Toute lumière était engloutie, et même ses cheveux couleur de métal doré ne lançaient plus aucun reflet. Ils étaient ternes et sombres comme le paysage.
Les arbres et les buissons et les ténèbres lui étaient indifférents: elle avançait toujours, d’un pas en même temps sur et léger, et ne sursauta pas lorsque soudain une ombres géante surgit devant elle. Elle s’arrêta seulement, et attendit, ses yeux froids fixés sur l’inconnu.
Le zentaure s’immobilisa à quelques pas d’elle, le tapis de cendre dont était recouvert le sol étouffait le bruit de ses sabots. Son corps de cheval était presque aussi grand que l’elfe, et son buste humain, haut et musclé, la dominait de toute sa hauteur.
Ses yeux noirs venaient rencontrer ceux de l’elfe, qui soutint ce regard sans broncher.
-Laisse moi passer, fit la déesse.
Il haucha gravement la tête, et dit d’une voix sombre:
-Je suis le gardien de ce sentier: je ne saurais pas t’arrêter contre ta volonté, car tel n’est pas mon rôle. Mais j’ai été placé ici pour mettre en garde ceux qui s’aventurent sur les chemin des ombres.
Elle ne répondit pas, ne fit voir aucune émotion.
-Tu es sur le point de t’aventurer dans les chemins des ténèbres.
-Je le sais.
La voix de l’elfe était claire et sur, et en même temps semblait plus sombre encore que celle du zentaure.
-Ces chemins ne sont pas pour toi, elfe. Retourne en arrière avant qu’il est trop tard.
-Je ne retournerais pas.
-Si tu entres ici, tu devras affronter les créatures ténèbreuses qui règnent sur cet endroits.
-Je ne les crains pas.
-... tu seras toi-même pénétrée par les ténèbres.
-Je saurais les dominer.
-Aucune lumière ne viendra éclairer ton chemin et t’aider à ta peine.
-Ma propre lumière est assez puissante.
Le zentaure était tout aussi calme qu’elle, sa voix sombre et caverneuse.
-Tu peux même attirer sur toi la colère des dieux, car cet endroits ne leur appartient pas, et leurs ennemis se réuniront ici.
-Je ne crains pas les autres dieux.
Alors le zentaure haucha encore une fois gravement la tête. L’elfe fit un pas en avant, et elle trébucha, perdant un instant le zentaure des yeux. Lorsqu’elle releva les yeux pour lancer à la grande créature un regard de défi, celle-ci avait disparu. Le chemin était libre.
Sans plus se soucier de lui, la déesse mortelle se mit de nouveau en marche, passa sur l’endroit ou quelques instants auparevant seulement se tenait encore le zentaure, et par là entra dans la dernière partie des routes secrètes, celle dont personne n’était jamais revenue...
***


-Une elfe, chuchota une voix sifflante tout près d’elle.
Elle s’était arrêtée. Depuis qu’elle était entrée sur les routes secretes, les ténèbres changeaient sans cesse d’intensité, comme s’ils s’ammusaient à l’étourdir. Tantôt elle pouvait voir tout ce qui l’entourait - le sentier gris et cendreux, les buissons gris comme le sentier, et dont les branches tombaient en poussière lorsqu’on les effleuraient. Tantôt au contraire, la nuit était si profonde que l’elfe aurait aussi bien pu être aveugle. Mais toujours, une force mysterieuse semblait la guider, et jamais elle ne quittait le sentier. À présent, les ténèbres était complèts.
Depuis qu’elle suivait les routes secrétes aussi, plusieurs fois des soudains éclats de lumière avaient jailli près d’elle, une lumière étrange qui ne s’éclairait que elle même. De temps en temps, elle avait entendu des cris stridants, des rires, des hurlements lointains -du moin, ils semblaient l’être - , des bruits de pas, ou d’autres sons, dont elle n’aurait pas pu deviner l’origine.
Elle ne l’essaya pas même. Elle n’y avait pas prêté attention.
Mais c’était la première fois qu’un de ces bruits la suivait.
Depuis que le sentier avait commencé à s’élargir, elle les avaient remarqués. Par trois fois, elle avait vu s’allumer tout près d’elle deux petites lumières rouges dirigées sur elle, qui s’éteignaient aussitôt; elle avait senti leur présence bien que leurs pas ne faisaient pas plus de bruit que ceux du zentaure, et malgré elle, elle avait ressenti une peur étrange, instinctive, comme face à quelque chose qu’à travers les générations passées elle avait appris à craindre.
A présent ils l’entouraient, bien qu’elle n’aurait pu dire combien - ni qui - ils étaient.
Pourtant, ce n’était pas à cause d’eux qu’elle s’était arrêté; depuis quelque temps le sentier s’élargissait, et à présent, malgré les tenèbres profonds, elle savait qu’elle devait se trouver sur une clairière ou sur une plaine. Pour la première fois, elle ne savait quel chemin suivre.

De nouveau, tout près d’elle les lumières rouges s’allumèrent. Ils avaient une forme ovale, et se trouvaient au niveau des yeux de l’elfe. Elle se retourna vers eux et les fixa, et ne détourne plus le regard, bien qu’ils brûlaient ses yeux comme du feu, et bien qu’elle sentait une présence derrière elle. Les deux lumières s’éteignirent brusquement.
Une voix douce et sifflante, mais dans laquelle en sentait une colère contenue, se fit entendre, venant de la direction où les feux venaient de s’éteindre.
-Que fais-tu ici, petite Tfaira ?
L’elfe sentit les créatures approcher. Elle ne bougea pas. La peur l’avait seulement effleurée. S’ils avaient put lire ses pensées, ils n’y auraient vu que du mépris.
Peut-être qu’ils le pouvaient réelement, car une autre voix moqueuse, plus aigue que la précedante et plus soyeuse encore, l’appella:
-Tu n’as pas peur, Tfaira ?
-Auras-tu aussi le courage de nous regarder?
C’était à nouveau la première voix. Elle chuchota très vite des mots incompréhensibles, et soudain un boule de lumière bleuâtre apparut.
Laémidra dût clinger des yeux, aveuglée par cette lumière soudaine. Elle ne distinga rien d’abord qu’une boule de feu magique qui attirait le regard sur elle. Puis, losqu’elle se fut habituée à la semi-obscurité, elle put distinguer les longs doigts fins, entre lesquelles le feu mauve était en équilibre.
Elle sentit que le cercle du lumière s’agrandissait, tout en demeurant trop faible pour repousser les ténèbres.
Enfin, elle put distinguer le visage de l’être qui se tenait devant elle.
Ses yeux attirèrent tout d’abord son attention, blancs, l’iris à peine plus coloré; on distingait clairement les veines rouges qui les traversaient. La peau de la créature, à l’aspect métallique, comme recouverte de poudre d’or, brillait de manière étrange à la lumière du feu magique. Ses traits fins et réguliers, et imobiles comme un masque, n’avaient rien à envier à ceux de l’elfe. Des longs cheveux gris pâles, bouclés, lui retombaient sur les épaules.
La couleur des yeux s’intensifiait tout à coup, faisant briller les yeux de la créature étrangère de magnière inquiétante.
Un Feye.
Laémidra avait entendue des histoires à propos de ces créatures maléfiques: jadis elles avaient été nombreuses et puissantes. Les humains les appellaient des vampires, et disaient qu’ils se nourissaient de sang et de chaire vivante. Pocèdant une puissante magie et des secrets disparut avec eux - car nombreux étaient ceux qui les croyaient disparut à jamais - ils venèraient Angania, déesse ténèbreuse, et disait-on, d’autre divinités inconnues des autres peuples.
Depuis toujours ennemis des elfes, on les disaient descendants de cet autre peuple, né au même moment que les Elbes; d’autres légendes disaient qu’au contraire, ils descendaient, comme les elfes, des Elbes eux-même.
Longtemps très influants et craint, ils avaient finalement été chassés, massacré, et même au temple des ténèbres, depuis longtemps aucun d’entre eux n’étaient apparut.
Mais la foi en sa propre force était trop forte pour que Laemidra puisse éprouver de la crainte, même maintenant.
Le Feye la contemplait de haut en bas. Il souriait.
Sentent un souffle chaud dans sa nuque, l’elfe se retourna, et it l’autre Feye. Celle-ci était une femelle. Sa peau avait le même aspect metallique que celle du male, mais elle avait un teint rougeâtre, comme du bronze, ses cheveux complètements incolores refletaient la lumière bleue. Elle n’était vêtue que d’un long foulard rouge, attaché negligement à son cou. Ses longs doigts effilées, terminees par des griffes qui, d’un seul coup auraient pu trancher la gorge à l’elfe, se posèrent sur ses cheveux, les caressaient doucement.
-Ah...
Un soupir de bonheur.
-Depuis si longtemps je n’ai pas gouté au sang d’une elfe...
Elle ne broncha pas, ne fit pas un mouvement pour se dégager. Le feye qui avait invoqué le feu magique s’approcha à son tour.
Seul le troixième feye demeura dans l’obcurité. Depuis le début il n’avait pas dit un mot, et ses yeux étaient resté sombres; et pourtant Laémidra senti son regard intense sur elle.
-Tu n’as pas peur, Tfaira? Sursura à nouveau une voix tout pres de son oreille. Elle secoua sa longue chevelure dorée, secouant par le même mouvement la main de la feye, et dit d’une voix dure.
-Je suis une déesse.
Un éclat de rire moqueur lui répondit. Les griffes de la feye se posèrent sur son visage.
L’elfe se dégage brusquement.
-Je n’ai pas peur de vous.
Un cou de vent glacé, venu tout droit de l’île d’Istra semblait accentuer ses paroles.
-Je suis venu justqu’ici, et je continuerai. Vous ne pouvez pas m’arrêter.
La conviction étrange qui était dans ses paroles, la mysterieuse trace de magie divine qu’ils sentaient, faible mais certaine, sur l’elfe fit hésiter les feyes. Ce fut le troixième qui se repris en premier. Il fit un leger geste vers ses compagnons, et aussitôt ils entourèrent à nouveau la déesse.
-Nous ne pouvons pas?
Douce, envoutante.
-Le sang devin rend immortel...
Les doigts brûlant du feye se posèrent sur son bras pâle et glacé. S’il l’avait oulu, sa chaleur aurait pu devenir telle qu’elle brulerait la peau fragile de l’elfe. Et pourtant ce fut lui qui retira la main, comme s’il ne pouvait plus longtemps supporter le contacte. Ses yeux lancèrent un éclaire de fureur.
Si elle avait été plus attentive, l’elfe aurait sentit leur colère croissante depuis l’instant où, par son regard fixe, elle avait fait s’éteindre les yeux luisant du feye. La total absence de peur chez la déesse les agaçait, était sans doute la seule raison pour laquelle ils ne l’avaient pas encore tué.
Le troixième feye, silencieux jusque là, s’approcha d’elle, si près qu’elle put distingue ses traits pour la première fois. Plus grand que les deux autres, le visage fin au traits marqués, argenté, encadré de long cheveux blancs et noirs. Vêtus de robes noirs qui touchaient la terre se fondaient dans le sol. Dans son clame et son silence il aait l’aspect plus demonique que ses compagnons.
Longtemps il fixa l’elfe, d’un regard si dure et si perçant qu’il devait avoir le pouvoir de fair fondre tout ce qui s’oposait à lui. Elle soutain ce regard, comme elle aait fait face au zentaure. Ses yeux claires et froids, brillaient de la même lumière intense que ceux, flamboyants, de son adersaire.
-Que viens-tu faire ici? Demanda-t-il son les quitter des yeux.
Elle jetta les tête en arrière d’un geste négligent, réniant le combat silencieux qui s’était engagé entre eux. Elle ne répondrait pas. Elle n’avait pas à donner des explications.
-Comment-as tu seulement put venir ici? Pourquoi les tenèbres se sont écarté pour toi?
-Je suis une déesse.
Le Feye chercha vainement un brin de folie au fond des yeux bleus: dures, froids, ils ne revelaient rien de sa qui se cachait derrière ce regard sur.
-Puisque tu es venu jusqu’ici, puisque tu dois y cherchez quelque chose, je te mènerais vers celui qui règne sur ces terres, Tfaira. Es-tu prête à me suivre?
Elle réflechit un instant, puis inclina la tête en signe d’assentiment.
Le feye éteignit alors d’un geste le feu magique allume par son compagnon, et se mit en marche. Sans hésiter, la deesse mortelle lui emboita le pas. Les deux autres suivirent en silence.


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