(par Jenna Saute-Trappes)


Tarif compta les pièces d’argent dans sa main, et poussa un soupir. Non, il ne s’était pas trompé. Définitivement six. Or, il était certain, absolument certain que ce matin, lorsqu’il était entré dans la ville, il n’y en avait eut que quatre. Après avoir fait cette découverte incroyable en ouvrant sa sacoche pour donner une des pièce à un mendiant – en réalité il avait cherché un bout de gâteau, mais heureusement pour l’humain n’avait finalement pas su rassembler toutes les miettes éparpillée dans sa sacoche – il avait commencé par passer en revue les raisons les plus évidentes pour ce phénomène, à savoir :

-un de ses autres objets s’était transformé en pièce d’argent. Le kender avait vérifié si quelque chose manquait : il avait cru avoir trouvé la réponse lorsqu’il s’etait aperçu qu’une petite fiole emplie de liquide qu’il avait un jour trouvé dans un magasin minotaure à Palanths avait disparu, avant de se souvenir qu’il l’avait lui même jeté après s’être rendu compte, en l’ouvrant, que même pour ses goûts il sentait trop mauvais.

-Les pièces étaient vivantes. Elles allaient et venaient de poche en poche selon leur désir. Cette explication qui avait paru très belle au kender l’avait plongé pour presque tout une minute dans une profonde rêverie, suite à laquelle il s’aperçu qu’une pièce d’acier avait rejointe les six pièces d’argent.

-l’explication suivante, que quelqu’un avait pu les glisser dans sa sacoches, pourtant très plausible puisqu’il était sur un marcher tout plein de monde, en fut écartée, étant donné que Tarif etait certain d’avoir gardé sa main à l’œil durant sa rêverie.

-les pièces se multipliaient de façon mystérieuse. Dans ce cas, il serait sans doute obligé de faire quelque chose avant que l’Ansalonie ne soit noyé sous la mer parce que le continent ne pouvait plus porter tout ce métal. Il pourrait aussi acheter quelques nouveaux pinceaux.

Le kender réfléchissait encore à ce problème, lorsque quelqu’un lui tapa gentiment sur l’épaule. Tarif se retourna vivement. Ses cheveux roux touffus, mal retenus en arrière par en bandeau noir, volèrent autour de lui.
Il observa avec intérêt la personne qui se trouvait en face de lui – c’est à dire à hauteur de yeux, et qui lui offrait le sourire à le fois le plus sympathique et le plus malicieux qu’il avait jamais vu.

Les deux kenders s’observèrent un instant en silence. Le nouveau venu était plus âgé que Tarif, qui était dans les meilleurs années de vagabondite : il avait des longs cheveux blancs pâles, le visage jalonné de rides profondes. À son sourire manquaient deux ou trois dents, ce qui ne le rendait pas moins sympathique. Il était habillé d’un pantalon jaune un peu trop court, un blouson vert, et par dessus le tout, il portait une longue cape pourpre. Ce qui attirait encore plus l’attention de Tarif était ses chaussons en cuire, apparemment prévus pour une région très froide.

Tarif, au contraire, était vêtu de façon assez sobre pour un kender, ses habits tous en différant tons de brun. Cependant ses vêtements, tout comme son hoopak, étaient couverts d’une série de taches de couleur. A la taille, il portait, accroché à une ceinture, non seulement des sacoches, mais aussi plusieurs feuilles de parchemin enroulés.
Le vieux kender brisa le silence (qui de toute façon n’avait duré qu’une demi-minute, mais pour deux kender, c’est considérable)).

-Bonjour commença-t-il.
Sa voix était assez grave pour un kender, ce qui n’empêchait pas que, un peu plus forte, elle eut brisé les tympans à tout non-kender pas habitué...

-Je suis Alvin Pas-De-Porte, se présenta-il.
-Tarif Boussolier, répondit le kender roux, serra la main gauche que lui tendit l’autre, et lui retira distraitement la bague à l’immense chaton rouge qu’Alvin portait au doigt.
Le vieux kender hocha la tête d’un air satisfait.
-Ravi de faire votre connaissance, Tapif Boutonnière.
-Tarif Boussolier, corrigea obligeamment Tarif.
-Calkif BoutonPied ?
-Tarif Boussolier, répéta le kender.
Et, comme si ceci devait éclaircir le tout, il ajouta :
-Je suis le fils du frère de la sœur cadette de la tante du la cousine de l’oncle Épinglette.

Alvin hocha encore une fois la tête, gravement, mais un sourire radieux apparut ses lèvres, lorsqu’il déclara :
-Il était le père du fils de la femme du frère de ma mère.
-Vraiment ? ! s’exclama Tarif, non parce qu’il mettait en doute la véracité de ces paroles, mais parce que cela lui semblait une réalité tellement splendide et incroyable.
-Quel merveilleux hasard que nous nous sommes rencontré ici !
-C’est bien une preuve que les dieux existent réellement, ajouta sulfureusement Alvin.
-Pourquoi n’existeraient-ils pas ? fit Tarif, intrigué.
-On ne sait jamais, expliqua le sentencieusement vieux kender. J’a une fois vécu toute une année dans une tour qui n’était qu’une illusion.
-Comment avez -vous su que s’en était une?
-Tutoyez-moi s’il vous plaît ! Le fils du frère de la sœur aînée de la tante du la cousine de l’oncle Épinglette est aussi mon fils !
-La sœur cadette. Je pense du moins.
Il fronça les sourcils.
-Il est possible que quelqu’un ait changé les dates pour avoir une plus grande part de l’héritage. Mais tutoie-moi aussi ! Tu peux m’appeler Rif.

Des larmes de saisissement montèrent au yeux du kender en entendant ceci, et il pris un mouchoir dans la poche d’un passant et se moucha bruyamment. Après quoi, il remit le mouchoir dans la poche d’un autre passant, et allait poursuivre son histoire :

-Il se trouvait que la tour en questions se trouvait un fond d’un lac ; lorsque l’illusion s’est évanoui, j’ai faillit me noyer, et c’est ainsi que j’ai su que...

Mais on n’apprit jamais ce que cette expérience avait apprise au kender, parce qu’à ce moment ils furent interrompu par un cri aigu et perçant, qui venait de seulement deux échoppes plus loin. D’un commun accord, les deux amis se dirigèrent le plus vite possible en direction de l’origine du bruit.

***

-Enlever vos sales pattes de moi espèce de pervers !

La voix, comme les deux amis purent bientôt s’en rendre compte, appartenait à une jeune femme kender qui était tenue en l’air par le collet par un grand humain, devant une échoppes de tissu. Elle semblait petite et plutôt frêle, mais c’était difficile à dire, car les habits colorés qu’elle portaient n’avaient visiblement pas été fait pour elle, et étaient beaucoup trop larges. Un foulard qu’elle avait porté avait libéré en tombant des cheveux bruns très fins et qui, si la kender n’avait pas été suspendu dans l’air, eurent sans doute touchés le sol
Plusieurs personnes s’approchèrent à ses cris, mais la plupart passaient leur chemin lorsqu’il virent qu’il ne s’agissait que altercation entre un marchand et un kender. Quelques-uns cependant restèrent, tandis que l’humain devenait de plus en plus rouge sous les protestation progressivement obscènes de la kender – sans compter les remarques des passants.

Tarif, sans avoir totalement saisi la situation s’en mêla aussitôt, et demanda d’une voix presque aussi stridente que celle de la prisonnière si sa mère – celle du marchand – avait été un nain des ravins. Vu l’atmosphère générale c’était une remarque relativement innocente, mais l’apparition d’un autre kender – Alvin semblait avoir disparu – le rendit totalement confus. Il barbouilla quelque chose, perdu entre gêne et colère, et la kender en profita pour s’éclipser, lui laissant sa veste dans les mains.

Tarif et elle n’eurent pas besoin de se consulter pour courir dans la même direction, rejoint peut après par Alvin, qui prit la tête.
-Dépêchez-vous ! J’ai vu les prison de la ville, et ça ne vaut vraiment pas la peine de rester...
Ils obéirent.
-Liliane Vent-Pollen, souffla-t-la kender, en courant, bien que consciente de l’impolitesse d’une telle présentation rapide.
-Paviane Rentoupenne ? demanda Tarif.
Après que ce problème fut à peu près réglé, ils s’arrêtèrent de courir pour pouvoir mieux se serrer la mains.
-Ce marchand avait vraiment de très belles pièces, remarqua Alvin, qui portait toute une pille de tissu.
-Qu’est-ce que tu vas en faire ? demanda Liliane Vent-Pollen.
-Je les mets en lieux sur, expliqua le vieux kender. Personne n’y faisait attention, et je ne voulais pas que quelqu’un en profite pour les voler.

Ils avent entre temps quitté l’enceinte la ville, et avançaient sur un petit pré.
-Tien ! s’étonna soudain Liliane, j’ai trouvé des bâtons en bois... Il y a un truc bleu dessus.
Elle mit un bâton en bouche pour goûter.
-Ce sont mes pinceaux, expliqua Tarif. Pour mes cartes.
-Oh.
Elle lui tendit les pinceaux, et il les rangea à leur place.
-Tu les a laissé tomber en courant. Heureusement que je les ai ramassés !
Tarif hocha la tête. Ils s’installèrent tous trois en dessous d’un arbre un peu à l’écart de la route. Alvin étala de la soie sur l’herbe, et ils s’assirent.
-Ça fait longtemps que je n’ai plus fit de pique-nique entre amis, remarqua Tarif. La dernière fois il y a un mois, près de Solace.
Il fouilla dans ses sacoches pour les miettes de gâteau, et s’aperçut que les pièces étaient maintenant au nombre de huit.

Apres avoir mangé, et bu deux bouteilles d’eau de vie, ils terminèrent les présentations, ce qui appris à Tarif, ravi, que Liliane était pratiquement sa sœurs.

-Vous vous connaissiez déjà ? demanda Tarif, se rendant compte soudain que ses deux compagnons s’étaient contenté de se donner la main.
-Oui, fit Alvin. Nous nous sommes rencontré deux fois déjà. Je vis ici depuis quatre ans.
-Et moi je suis arrivée il y a trois semaines, enchaîna Liliane, et éternua. Vous croyez qu’elle est magique ?
Elle parlait de la bague qu’elle tenait en main.
Alvin se pencha en avant pour examiner la bague, qui, avant qu’il avait donné la main à son presque fils Tarif, se trouvait encore à son doigt.
-C’est tout à fait possible, dit-il enfin. Où l’as-tu trouvée ?
Elle fronça les sourcils.
-Dans un souterrain, je pense.
-Alors, décida Alvin, catégorique, elle doit être magique.
-C’était quoi déjà ton nom ?
-Alvin Pas-De-Porte.
-C’est compliqué, fit Liliane, et éternua de nouveau, très fort.
-C’est en fait une abréviation de ALaFin Pas-De-Porte.
Il s’interrompit un instant.
-Ce qui ne veux pas dire grand chose non plus, en fait...
Le silence qui suivit fut interrompu par l’éternuement encore plus bruyant de la kender.
-Tu es enrhumé ? s’enquit Tarif
-C’est parce que tu as perdu ta veste, ajouta Alafin. Tu veux pas cape ?
-Non, expliqua-t-elle. Ce sont juste les fleures...
Elle examina le vieux kender.
-J’aime beaucoup tes chaussures par contre
-Désolé, s’excusa Alafin. Je suis très sensibles aux pieds.
-Les fleures ? demanda Tarif.
-Oui. Chaque fois que je me trouve près de fleures, je dois éternuer. La poussière aussi. C’est peut-être une malédiction.
Ses yeux se mirent à briller.
-C’est une allergie, expliqua Alvin.
-Une quoi ?
-Une allergie, répéta patiemment le kender. Je connaissais un nain qui ait une allergie au cuivre. Chaque fois qu’il travaillait à sa forge, il devenait tout rouge et ait plein de boutons. C’était amusant.
-Mais je n’ai pas de bouton, fit remarquer Mlle Vent-Pollen, sceptique.
-Hm, c’est vrai.
Le vieux kender se gratta la tête.
-Je connaissais un humain qui avait une allergie au feu, se mêla Tarif.
-Vraiment ?
-Oui. J’ai habité dans sa grange un moment, et chaque fois qu’il me voyait assis dans la paille avec une bougie allumée à côté de moi (j’avais bien besoin de lumière pour mes cartes, bien qu'il existe des sorts qui permettent de oir dans le noir), il devenait tout pâle.
-C’était peut-être la bougie, pas le feu, fit remarquer Liliane.
-Non. Il a réagit de la même façon quand la grange a brûlée.
-Ça lui rappelait peut-être la bougie.
Tarif haussa les épaules, un peu exaspéré, et Alvin crut bon d’intervenir :
-Tu as dit que tu dessines des cartes, Tarif ? ! Moi aussi.
-Vraiment ? s’étonna le jeune kender. Vous voulez peut-être voir les mienne?
Comme la réponse avait été positive, Tarif étala une première cartes par terre. Elle montrait, expliqua le cartographe, un coin particulièrement passionnant du désert.

C’était d’ailleurs une chance que Tarif le fit remarquer, car certainement personne ne se fut douté sans cela que ce bout de parchemin couvert d’une centaine de petits dessins accompagnés d’indications se superposant pouvait représenter un endroit... désert...
La cartes de Tarif comportait non seulement des collines, des montagnes, des forêts de cactus et des routes, toutes peintes avec soin et beaucoup de couleur, mais aussi plusieurs fontaines cachées et magiques, l’antre d’un dragon, un nid de basilics, trois passages secrets, dont un, magique, menait - toujour sselon la carte - au château de lord Soth, ainsi qu’une infinité d’autres petits détails plus ou moins utiles et crédibles. Le tout, avec le mélange de couleur pas très harmonieux, donnait mal au yeux.
Alvin admira.

-Je n’ai pas de carte de cette région. Est-ce que tu pourrais me la prêter ?
-Bien sur, fit Tarif, en souriant, heureux de pouvoir rendre service à son ami.
-Tu en a d’autres ? demanda Liliane. Et toi, Alafin ?
-Oh, les miennes ne sont pas aussi jolies, fit le vieux kender, modeste.

Tarif sourit, un peu flatté, et montra aussi les dessins de créatures mystiques qu’il avait déjà fait.
-Celui-là est un peu flou, remarqua Liliane, en montrant une peinture représentant un ogre à deux tête, gesticulant, debout en haut sur un rocher.
-Ce n’est pas ma faute, se défendit Tarif. J’étais tombé dans un piège, et il a refusé de descendre pour que je puisse mieux dessiner. Je ne voit pas très bien les choses, de loin.

Ils passèrent le reste de l’après-midi à étudier et échanger – plus ou moins volontairement – des cartes des dessins et des objets intéressants.

A suivre


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